La Table de Peutinger
La table de Peutinger fut découverte en 1494 par Conrad Celtis à Worms.
Elle porte le nom de l'humaniste et amateur d'antiquités Konrad Peutin-
ger (1465-1547), qui la reçut en héritage de son ami Conrad Celtis en
1508. Bien qu'il fût dans les intentions de Peutinger de publier la carte, il
mourut avant de mener à bien cette tâche. À la mort de Peutinger, une
copie de cette carte fut exécutée à la demande de sa familles.
On croyait la carte de Peutinger disparue : on ne la retrouva qu'en 1714, et l'année suivante elle
fut remise au prince Eugène. À sa mort en 1736, l'empereur Charles VI racheta sa biblio-
thèque et l'intégra au fonds de la bibliothèque impériale. L’originalité de la Table de Peutinger
lui vaut de faire partie du patrimoine mondial de l'UNESCO au titre de son inscription au Re-
gistre international Mémoire du monde en tant que patrimoine documentaire de l'Autriche.
Carte interactive de la table de Peutinger -->>
Reconstitution des 12 zones géographiques contenues dans la carte
La table est composée de onze parchemins conservés; le plus à l'ouest étant perdu. Ceux-ci
sont assemblés pour former une bande de 6,82 m sur 0,34 m. Elle montre 200 000 km de
routes, mais aussi l'emplacement de villes, mers, fleuves, forêts, chaînes de montagnes. La table
montre la totalité de l'Empire romain, le Proche-Orient et l'Inde, indiquant le Gange et le Sri
Lanka (Insula Taprobane), et même la Chine est mentionnée. La topographie, déformée, n'est
que vaguement représentée. Rome est symbolisée de façon exceptionnelle.
La première feuille représente l'est des îles Britanniques, les Pays-Bas, la Belgique, une partie
de la France et l'ouest du Maroc, on peut apercevoir sur la 4e partie la ville Hippone. L'ab-
sence de la péninsule ibérique laisse supposer qu'une douzième feuille, aujourd'hui manquante,
présentait l'Espagne et le Portugal, ainsi que la partie occidentale des îles Britanniques. Le fac-
similé de Konrad Miller en 1887 présente une tentative de restitution de cette page man-
quante.
Symboles
Quelque 555 villes et 3 500 autres particularités géographiques sont indiquées, comme les
phares et les sanctuaires importants, souvent illustrées d'une petite image.
Les villes sont représentées par deux maisons, les cités importantes - comme Rome, Constan-
tinople, Antioche - sont signalées par un médaillon orné.
La représentation d'un réseau
Le format ne permet pas une représentation réaliste des paysages, mais ce n'était pas dans les
intentions du concepteur. La carte doit plutôt être vue comme une représentation symbolique,
à l'image des plans de transports en commun (bus, métro, RER) permettant de se rendre faci-
lement d'un point à un autre, de connaître les distances des étapes, sans offrir une représenta-
tion fidèle de la réalité. De fait, elle est considérée comme la première représentation cartogra-
phique d'un réseau. Par contre, c'est une carte très exacte des distances, qui sont exprimées la
plupart du temps en milles romains, ou dans d'autres unités si elles étaient en cours dans une
région, par exemple des lieues gauloises en Aquitaine. Cela permettait d'avoir une idée assez
exacte de la distance et du temps pour se rendre de n'importe quel point à un autre, même si
parfois quelques liaisons ne sont pas indiquées.
Réalisme des itinéraires
Les parcours sont assez réalistes. Chaque station porte la longueur de l'étape, tandis que des
vignettes signalent les villes principales, les villes thermales, etc. Nombre de ces « stations » ne
correspondent pas à des villes, mais à des carrefours. Inévitablement, la Table comporte des
erreurs de copistes. Certains noms de villes ou des distances d'étapes comportent des co-
quilles : Grenoble est nommée Culabone alors que le nom classique antique de cette ville est
Cularone (Cularo) ; certains V deviennent II, ou inversement. Afin de faciliter l'utilisation de la
Table, il est conseillé d'avoir en regard un exemplaire d'une « carte de redressement », les
stations et itinéraires de la Table sont reportés sur une carte ographique moderne. Pour la
Gaule : « Carte de redressement de la Gaule pour l'intelligence de la Table de Peutinger », par
exemple.
Bases cartographiques
Elle est probablement basée sur la carte du monde préparée par Marcus Vipsanius Agrippa
(né en 64 av. J.-C., mort en 12 av. J.-C.), un ami personnel de l'empereur Auguste. Après sa
mort, la carte a été gravée dans le marbre et placée sur le Porticus Vipsaniæ, non loin de l'Au-
tel de la Paix d'Auguste, le long de la Via Flaminia. Toutefois, c'est une version actualisée au
IVe siècle qui paraît présentée.
Datation de l'original
La carte figure la Dacie, constituée au iie siècle1, ainsi que la ville de Pompéi pourtant détruite
en 79 par l'éruption du Vésuve, certaines villes de Germanie inférieure détruites au ve siècle
ou encore Constantinople qui devient capitale en 330. De plus Ravenne y est mentionnée
comme étant une capitale, ce qui correspond à la fin de l'Empire romain d'Occident. D'autres
éléments (par exemple dans la Pars IV Levant de la Ligurie) sont peut-être antérieurs à 109,
année de construction de la Via Aemilia Scaura, qui n'est pas indiquée sur la Table. Aucune
route n'est indiquée non plus entre Pise et Luni, alors que figurent bien les Fossae Papirianae,
marais situés près de l’actuelle Versilia, indiquées comme Fossis Papirianis (cf. Pars IV - Seg-
mentum IV).
La Table de Peutinger est de ce fait une compilation de cartes romaines antérieure à la fin du
Ier siècle qui a ensuite été mise à jour au IVe siècle et au Ve siècle.
Datation de la copie médiévale
Le manuscrit est néralement daté du XIIIe siècle. Il serait l'œuvre d'un moine copiste ano-
nyme de Colmar qui aurait reproduit vers 1265 un document plus ancien.
(source : Wikipedia)